Surpopulation à la prison de Namur: Stop ou encore?
28/06/2013 09:00
Monsieur le Bourgmestre,
Le rapport 2012 de la direction générale des établissements pénitentiaires, qui dépend du SPF Justice, est très inquiétant.
Alors que la capacité de la prison de Namur est de 140, sa population à été en moyenne de 206,6 en 2012.
Le taux moyen de surpopulation pour la prison de Namur a atteint d'ailleurs le chiffre etonnant de 47,6 % alors que la moyenne nationale est de 23,7% .
La prison de Namur est ainsi la 5 eme prison, sur 34 au total, la plus surpeuplée du pays.
Ces derniers jours, la situation s'est encore dégradée.
Le nombre de détenus est passé, selon le chef d'établissement de la prison de Namur, à 212.
Des internés, dans le cadre de la défense sociale, sont mélangés aux détenus de droit commun.
Certains se retrouvent à 3 par cellule.
Bref, les principes de base qui ont trait à la dignité de la personne sont ainsi quotidiennement bafoués.
Ce mercredi, c'était la journée mondiale de lutte contre la torture.
Permettez-moi de vous lire un passage du rapport établi par le Comité pour la prévention de la torture du Conseil de l'Europe en 2005 ( Point 93 du rapport) :
"Les conditions matérielles de détention de la majorité des internés à la Prison de Namur (une quarantaine), hébergés dans les autres ailes de la prison (A, B, et C)[68] étaient, quant à elles, bien moins satisfaisantes, voire même totalement inacceptables pour les internés séjournant à l’Aile B (surtout au rez-de-chaussée). Dans cette aile, la délégation a visité des cellules de 9 m² (sanitaires inclus), sombres et délabrées, dans lesquelles s’entassaient trois détenus, et où certains
«troisièmes» détenus dormaient sur un simple matelas en mousse posé à même le sol. De plus, la promiscuité régnant dans ces cellules compromettait gravement les conditions de cohabitation (pouvant engendrer des actes d'automutilation ou de violence envers autrui, cf. paragraphe 99) et avait des conséquences néfastes au plan de l’hygiène, sans parler des effets sur l’état psychique de détenus déjà en souffrance. Le CPT recommande que des mesures immédiates soient prises afin que les cellules de 9 m² en question n’hébergent pas plus de deux détenus."
Force est de constater que ces recommandations n'ont pas été suivies et que des mesures immédiates adéquates n'ont pas été prises.
Certaines communes, avec des majorités comprenant nos quatre familles politiques, ont néanmoins décidé de réagir.
Ainsi, à Forest et à Nivelles, des arrêtés de polices ont été adoptés. Ces deux instruments juridiques donnent ordre au propriétaire et au gestionnaire de la prison de limiter l'occupation des cellules à la capacité allouée (interdiction de mettre 3 prisonniers par cellule) - c'est le cas a Forest - ou à un taux de surpopulation gerable défini en dialogue avec la direction et les syndicats - c'est le cas à Nivelles. À défaut d'obtempérer, il est procédé à l'exécution forcée, au besoin par la force,
Une initiative similaire est-elle envisagée par le Bourgmestre ?
M. Éric Delchevalerie m'a d'ailleurs exprimé, cet après-midi, sa crainte d'un afflux de détenus destinés initialement à la prison de Nivelles, qui aggraverait encore la surpopulation carcérale à la prison de Namur.
Dans ces conditions, j'ai d'ailleurs appris qu'une grève des gardiens n'etait pas à exclure.
M. le Bourgmestre, au nom du PS namurois, j'en appelle à un geste humaniste fort. Il convient de ramener à court terme la surpopulation à la prison de Namur à un taux de surpopulation gerable pour la direction et les gardiens, soit 180 détenus maximum.
Comme le disait Dostoievski, "nous ne pouvons juger du degré de civilisation d'une nation qu'en visitant ses prisons" .
La situation namuroise ne peut plus durer.
Je vous remercie,
Antoine PIRET