Règlement anti-mendicité à Namur : pas de congé pour la pauvreté
10/07/2017 16:00
A Namur, d'aucuns s'imaginent que pendant la période estivale, la pauvreté peut prendre congé, par ordonnance ou règlement.
Le 29 juin dernier, le conseil communal de Namur avait à se prononcer, au point 3 de l’ordre du jour, sur un "Règlement relatif aux pôles urbains" … c’est l’intitulé très pudique du Règlement anti-mendicité de la Ville de Namur. L'objectif était sans doute que ce règlement passe inaperçu à l'entame des vacances ... c'est plutôt raté.
Ce règlement anti-mendicité, voté par le CDH et le MR, est entré en vigueur le 1er juillet pour une durée de 3 mois, malgré une opposition ferme d'Ecolo (groupe de la majorité) et du PS (groupe d'opposition). Depuis 3 ans et le camouflet imposé par le Conseil d'Etat à la Ville de Namur, les conseillers socialistes se battent contre cette chasse aux mendiants, aux pauvres! Ce Règlement, plutôt que de gérer la mendicité et apporter des solutions, ne fait que générer des tensions croissantes. Les débats de l'époque montraient déjà que beaucoup d'opinions, bien au-delà des rangs socialistes, convergeaient dans ce combat. Malheureusement, Namur s'est entêtée à poursuivre dans la voie sécuritaire sans avoir tiré les leçons du passé.
Ce week-end, les passants se sont indignés de l'évacuation musclée des mendiants de la place d’Armes. S'est suivi une déferlante de honte sur les réseaux sociaux contre la politique non humaniste de la ville. "Couvrez cette misère que je ne saurais voir"... Interdire aux plus démunis de tendre la main, mettre un drap sur la pauvreté, ne les fera pas disparaître d'un coup de baguette magique. Interdire la mendicité équivaut à nier le droit élémentaire de chacun à vivre et, pour certains, à survivre. La rue est rarement un choix, c’est, pour nombre d'entre eux, pratiquement la fin d’un processus d’exclusion sociale. C’est une spirale dont il est bien mal aisé de se sortir par sa seule volonté et c’est là que la solidarité et le soutien des services sociaux prend tout son sens. Mais à Namur, dans une ville capitale au 21e siècle, on retire toute humanité aux personnes fragilisées, on les cache des touristes, on frappe indistinctement tous les exclus.
Si ceci n'était pas suffisant, la Ville de Namur a décidé de fermer son abri de nuit du 20 juillet au 22 août inclus. Il est bien connu que les personnes sans abri prennent des vacances! Ce 10 juillet, des représentants des mendiants namurois ont obtenu, lors d'une réunion avec la ville, que, lors de la fermeture de l'abri de nuit, la mendicité soit tolérée, les policiers jugeant, en fonction du comportement de la personne, si elle peut continuer à mendier ou non. Les critères restent flous et les mesures à rebours!
Le Groupe PS demande, une nouvelle fois comme lors du conseil communal dernier, une révision urgente du règlement en vigueur, l'évaluation annuelle des processus d'accueil avec l'ensemble des groupes politiques présents au conseil communal et une réflexion sur la cohérence de l'aide sociale de première ligne. En effet, l'abri de nuit dépend des services administratifs de la Ville alors que l'aide sociale de première ligne est la mission de base du CPAS.
Les mesurettes accordées par le collège ce 10 juillet sont totalement insuffisantes. Plutôt qu'un règlement d'interdiction, le groupe PS prône un encadrement qui organise les questions liées à la mendicité en continuant à travailler sur les causes. Le vrai problème est la précarisation de la société et le manque de mesures et d'actions concrètes, et non la mendicité. Namur mérite mieux qu'une politique d'in-cohésion sociale!
Le Groupe PS Namur