Le PS Namur refuse la mascarade du groupe de travail mendicité
20/07/2017 22:00
Après avoir contraint les forces de police d’évacuer sans ménagement les personnes qui manifestaient leur indignation face au règlement anti-mendicité approuvé par la majorité CDH-MR à la Ville de Namur, cette même majorité communale fait une courbe rentrante pour gagner du temps en tentant d’encommissionner le débat.
Le 11 juillet dernier, le PS a demandé à l'ensemble des conseillers communaux de solliciter la tenue d'un conseil communal extraordinaire, avant le 20 juillet 2017, date de fermeture de l'abri de nuit, avec à l'ordre du jour, la suppression du règlement anti-mendicité.
Cet appel est resté vain mis à part la réponse positive de la conseillère indépendante, Françoise Kinet. Un chape de plomb pèse manifestement sur la majorité communale, empêchant l’indignation et le bon sens de s’exprimer.
La logique de majorité ne doit pas primer sur la démocratie et le bon sens !
Le PS namurois est indigné! Comment peut-on, alors que la situation est grave, en termes humains pour notre Ville Capitale, ne pas vouloir débattre d'un sujet aussi crucial ? Les personnes réduites à la mendicité doivent-elles attendre le retour de vacances des élus communaux pour pouvoir retrouver un peu de dignité ?
La majorité communale joue la montre pour éviter le débat !
Le PS Namur, voulant faire bouger les lignes, a participé au groupe de travail sur la mendicité, organisé par la Ville ce 20 juillet et regroupant une trentaine de participants. C'est le conseiller Fabian Martin qui y a représenté le groupe. Pour le PS Namur - qui est contre tout règlement depuis 2014 avec l’adoption des premières mesures de cette majorité - l’abrogation du règlement constituait à tout le moins une condition élémentaire pour mener toute réflexion de fond et de forme constructive lors de cette réunion. Force est de constater qu’il n’était pas dans les intentions des représentants du Collège de rouvrir ce débat mené et décidé au Conseil communal et « assoupli » en toute illégalité sans aucune forme et de manière irrespectueuse envers le Conseil, ses membres et surtout la Démocratie locale.
Pour le PS Namur, il est intolérable de fonctionner dans une telle configuration, où certains membres du Collège prennent des décisions modificatrices quelques jours après l'adoption d'un règlement d'in-cohésion sociale et refuse ensuite d'en discuter avec l'ensemble des conseillers communaux.
Le PS Namur tient une nouvelle fois à regretter l’absence de concertation, dénoncée également par de nombreux acteurs sociaux et associatifs, des principaux acteurs concernés par cette problématique majeure. C’est donc dans ce contexte tendu que le groupe de travail (un de plus ajouté au Comités restreint et élargi) se sera tenu ce matin, avec pour mission de régler la question de la mendicité uniquement, et cela malgré une demande de plusieurs personnes autour de la table d’élargir le débat au réel problème que constitue la précarité à Namur … Le Collège ne souhaitant visiblement pas entendre la voix de ses plus fragilisés et nombre de ses citoyens qui appellent à davantage d’actions dignes plutôt que sécuritaire. Le règlement anti-mendicité ne se base d'ailleurs sur aucun élément tangible, aucun chiffre, et parle d'un vague « sentiment d’insécurité ».
Si nous nous penchons réellement sur les chiffres mis à notre disposition, ceux-ci sont pourtant éloquents : on passe de 240 "personnes à la rue" en 2012 à 770 à ce jour. Ainsi qu’une hausse de 18% de personnes aidées via le CPAS. De plus, selon un rapport de la Police, celle-ci possède déjà les moyens légaux pour intervenir via son règlement général de police, et le nombre de ses interventions « type mendicité » passent de 101 en 2016 à 97 en 2017! Il y a donc bien une hausse de la précarité et une diminution des interventions policières liées à des problèmes de mendicité!
Le PS Namur souhaite redire sa volonté de voire instaurer une réelle réflexion de fond quant au problème de la précarité, d’identifier et de prendre toutes les mesures nécessaires pour la traiter avec le respect qu’elle impose. A ce titre, des propositions concrètes d’allongement de l’ouverture de l’abri de nuit ou l’instauration d’un accueil de jour, apparaissent comme des réponses plus dignes et plus humaines à la problématique quotidienne de nos mendiants et sdf namurois. Plutôt que de couvrir la mendicité, c'est sur la précarité que nous devons agir!
Sans cette réflexion globale cohérente et concertée, basée sur une analyse fine des moyens affectés tant aux politiques d’action sociale que du CPAS, le PS Namur refuse de participer et de cautionner toute forme de mesures répressives et sécuritaires visant à réglementer et donc réprimer les conséquences de la précarité, à savoir : la mendicité!
L’abrogation complète du règlement est le seul moyen pour que Namur retrouve cet élémentaire "vivre ensemble". Le PS espère que le bon sens, la dignité, bref l'humanité, pourront reprendre le dessus dans cette triste affaire qui touche les personnes les plus démunies. Et dans ce cadre, le PS Namur soutient pleinement la démarche citoyenne d'une pétition contre le règlement anti-mendicité.
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