Conseil CPAS/Ville: « L’argent ne fait pas le bonheur ! Celui qui a dit cela est un sacré menteur ! »
13/12/2013 09:00
Aujourd’hui, c’est le grand jour et nous avons tous et toutes revêtu nos plus beaux atours et fourbi nos armes secrètes pour cette séance obligatoire annuelle de nos deux conseils destinée à évoquer les synergies communes autant que la politique sociale. Ce que nous allons évidemment faire abondamment vous vous en doutez mais je tiens d’abord à préciser que mon intervention est nourrie des réflexions et analyses de tout notre groupe.
D’emblée, nous tenons à remercier l’ensemble des agents de la ville et du CPAS qui, au quotidien, déploient des efforts considérables pour activer, dynamiser et favoriser cette fameuse cohésion sociale qui a pour vocation première de tendre vers l’inclusion. Nous sommes bien conscients des difficultés croissantes qui alourdissent leurs missions.
« L’argent ne fait pas le bonheur ! celui qui a dit cela est un sacré menteur ! » on se souvient de cette bleuette musicale des sixties… Mais elle nous paraît de moins en moins nunuche ! Elle résonne même de manière inquiétante de nos jours.
Les sonnettes d’alarme sont tirées à tous les niveaux : les bourgmestres, les présidents de CPAS (certains plus que d’autres) font la une des journaux régulièrement, tous les médias font un large écho de leur inquiétude face à la hausse exponentielle de la précarité et ses dramatiques corollaires. Rien n’est rassurant : ni l’évolution du nombre de bénéficiaires du RIS, ni l’impact de la dégressivité des allocations de chômage, ni les problèmes du surendettement, du logement, des soins de santé, le parcours difficiles des jeunes sans formation, le sans- abrisme, les personnes âgées etc…etc…
La population qu’il faut simplement aider à vivre « dignement » s’étend, mais les dotations pour ce faire s’étale… les analyses financières pour les années à venir sont suffisamment parlantes et inquiétantes.
Et donc cette note de politique sociale qui nous réunit aujourd’hui et qui se sous- titre « les clefs d’un avenir meilleur » évoque des points essentiels, que nous aurions souhaité voir plus affirmés et plus activés. Notamment celui des synergies VILLE/CPAS .
Cela « tombe sous le sens », me direz-vous, et constitue le minimum de cette bonne gouvernance et de la rationalisation des dépenses, sans cesse mises en avant par la majorité.
Certes, mais il ne faut pas seulement les lister ces synergies, et en faire un beau catalogue à la Prévert, il faut se donner tous les moyens pour les analyser minutieusement et les mettre en œuvre. Sinon, ce n’est ni innovant, ni porteur de clefs pour un avenir meilleur.
Déjà dans notre intervention de l’an dernier, notre groupe attirait fermement votre attention sur les lacunes, les pistes manquées en termes de synergies et vous nous aviez répondu « oui d’accord, on peut mieux faire » …
Or si l’on reprend votre présente note, on ne constate pas de grandes avancées, les élèves ont eu un peu de mal à revoir leurs copies… il n’ est toujours question que d’un état des lieux, d’un étalage de constats et d’un répertoire de l’existant. On espérait plus en termes de pistes sérieuses et de leur faisabilité, avec un budget qui les traduirait clairement.
Certes le catalogue de la cohésion sociale 2013 est fait d’une belle encre, mais les mots sonnent creux. Un peu comme le catalogue d’Ikea: de belles images, mais quand il faut monter les meubles il manquent des vis et des charnières et c’est très vite bancal.
En matière d’assuétudes, par exemple.
Ce qu’on retrouve dans la note c’est l’exposé des missions d’asbl telles que Phénix et Sésame , et qui dans sa rédaction tendrait à faire croire que ces projets sont organisés ou financés par la ville ou le CPAS . Alors que leur contribution financière est peu significative par rapport à celle d’autres niveaux de pouvoir bien évidemment.
Les assuétudes, les dépendances, les drogues sont clairement des problématiques dont on souhaiterait voir les pistes de prévention, de soutien, davantage portées concrètement par la ville. Cet aspect préventif était d’ailleurs intégré dans la DPC.
Pourquoi ne pas ne le faire davantage en lien avec les écoles, les opérateurs culturels, les événements festifs et sportifs en collaboration avec l’associatif local et supra local disposant déjà d’une expertise. Nous entendons souvent nombre de travailleurs sociaux ville et CPAS qui nous disent manquer d’information, de formation et d’accompagnement qui permettraient de faire face à la complexité des situations individuelles aggravées par ces dépendances.
Le Réseau Social Urbain Namurois, est lui aussi exposé dans la note comme une initiative ville CPAS alors qu’il s’agit d’un partenariat… dont on se réjouit grandement certes, mais qu’il est abusif de présenter de telle manière.
Les exemples déjà relevés par notre groupe l’an dernier restent très représentatifs de pistes génératrices de synergies importantes et efficaces non encore ou pas suffisamment exploitées pour l’instant
de l’abri de nuit avec son personnel non affecté au CPAS et donc un manque à gagner en terme de dotation du FSAS, des loyers payés par le CPAS à la ville pour un étage inoccupé de nombreux mois faute de travaux de réhabilitation mineure mal programmés
Le pôle d’accueil social en un guichet unique basé au CPAS afin de recentrer l’action sociale en son sein et clarifier l’offre à notre population. Inutile de vous rappeler les économies d’échelle qu’on pourrait tirer de cette réorganisation en termes d’information, de guidance, d’orientation. Cela permettrait aussi à chaque travailleur de se consacrer pleinement à ses missions de base sans devoir en plus assumer celles d’orientation dont il ne connait parfois pas toutes les portes d’entrée.
La réalité confirme qu’il faut faire aussi bien, et même davantage et mieux avec moins de moyens.
Enoncé d’un problème difficile mais dont la résolution peut être facilitée avec des synergies renforcées.
On constate régulièrement des actes manqués dans ces synergies qui pourraient naître davantage de marchés publics communs, de collaborations en matière de formation utile à nos deux entités, de site internet commun , d’achats davantage centralisés etc… la gamme, le spectre est large.
Mais ne laissons pas s’affaiblir ce qui existe déjà, développons de nouvelles initiatives, créons et /ou intensifions des stratégies win win et donnons- nous les réels moyens d’un examen, pourquoi pas par un prestataire externe, de toutes les possibilités en la matière.
Autre question qui doit garder éveillées nos consciences de mandataires : celle de la politique menée à l’égard des aînés puisque nous partageons tous la volonté de leur garantir ,quels que soient leur choix de vie, une existence digne et facilitée à leur domicile ou en maisons de repos.
A ce sujet, notre groupe s’inquiète de certains projets qui avancent à vitesse bien réduite… Depuis 2007, la majorité en place est bien au fait de la nécessité de mise aux normes des MR … Il faut attendre 2009 pour que l’on ressente un frémissement … et on lance notamment pour Harscamp une étude de faisabilité coûteuse en temps et économiquement qui aboutit finalement à un constat bien tardif de non faisabilité sur le site même.
Je vous épargne la valse lente de rentrée de dossiers des subsides, les deux pas en avant et les trois en arrière du tango du CPAS en terme d’affectation d’un budget promis par la RW vers d’autres projets, ce qui ne permettra plus de garnir totalement le carnet de bal initialement prévu . Cendrillon aura vraiment perdu une chaussure dans l’aventure, en plus d’une perte de temps et d’argent.
Aujourd’hui l’inquiétude se fait sentir chez notre Président Defeyt soucieux de réunir les budgets nécessaires à la construction de deux maisons de repos et sans doute conscient que les 20 % cédés de son salaire ne suffiront pas.
Mais là encore on peut s’interroger sur leur réelle synergie, lorsque la Ville vend des terrains au CPAS, et pas à moindre prix. Nous laissons juges chacun et chacune d’entre vous sur cette réelle collaboration « sociale ».
On pourrait aussi évoquer Osez le Fer et sa fermeture décidée de manière inéluctable par la majorité en même temps qu’elle l’intérêt d’un projet d’économie sociale qui aurait pu englober dans ses paramètres la sauvegarde de cet outil d’insertion.
On pourrait aussi revenir sur la plate forme pour sans abris qui doit réunir avant tout les partenaires du champ socio sanitaire et pas seulement les forces de police. Ici il n’est pas question de politique sécuritaire mais bien d’une politique prioritairement sociale.
On pourrait encore aborder beaucoup de points essentiels mais comme on ne peut pas y passer la nuit, bien que nous soyons nous au chaud et à l’abri dans cette salle … ! nous allons conclure, pour l’instant, par un aspect de la politique menée par le CPAS et Philippe Defeyt dont nous sommes solidaires et dont nous reconnaissons volontiers la bonne orientation prise concernant l’insertion, la réinsertion des jeunes en difficulté. Plus que dans d’autres CPAS wallons, à Namur ils sont orientés et accompagnés dans des projets formatifs, scolaires, et même parfois universitaires autant que dans des projets de mise au travail dans le cadre d’un contrat d’insertion.
Pour tout cela, des lignes directrices permettent aux travailleurs sociaux d’avoir un repère, un vade mecum pour l’octroi ou non des différentes aides. Notre groupe tient à confirmer que si nous tenons nous aussi ces lignes directrices approuvées par nous tous comme étant un outil de travail guidant, nous insistons pour que nos comités spécifiques restent les lieux privilégiés et décisionnels collectivement d’une application singulière et spécifique en fonction de situations individuelles particulières.
Le social est avant tout affaire humaine, et vraiment là pour terminer, je voudrais rappeler que l’humain au CPAS est tant dans nos salles d’attente ou dans la rue que de l’autre côté de nos guichets, dans nos bureaux et sur le terrain.
Nous terminons en remerciant à nouveau les agents de notre institution qui méritent notre respect qui ne peut mieux se traduire que par notre écoute et notre implication dans le maintien pour eux d’un environnement professionnel motivant et structurant et un climat social serein. Parce que les travailleurs sociaux tant à la ville qu’au Cpas ne seront jamais aussi efficaces et volontaires qu’encadrés par des directions à qualité managériale certes mais humaines également.
Nous souhaitons inviter le président du CPAS et les conseillers de la majorité, en associant d’ailleurs l’équipe de la cohésion sociale Ville, à poursuivre notre travail constructif déjà bien entamé dans le dialogue et la concertation
Nous travaillons général à l’abri de la presse et des effets de manche et c’est très bien ainsi.
Pour finir sur une petite note musicale comme en intro : si Laurent Voulzy chante « le soleil donne la même couleur aux gens », nous mandataires PS engagés au CPAS dans une mission souvent émotionnellement lourde en collaboration volontairement consensuelle avec les mandataires de la majorité, chacun défendant néanmoins sa vision politique propre , nous tentons simplement de faire passer la vie de nos concitoyens namurois moins favorisés du gris foncé au gris clair.