Budget 2017: "On n'est plus dans la prévision, on est dans la croyance"
15/12/2016 17:25
2017 sera une année de transition. Les difficultés, quant à elle, viendront après, juste après…
Ce budget sera en effet le dernier dont nous connaîtront les comptes qui paraîtront 6 mois avant les élections communales.
Retrouvez ci-après les interpellations du Groupe PS sur le budget 2017 de la Ville de Namur par la voix de José Damilot:
Je commencerai d’abord par un certain nombre de questions de clarification.
1) Je suis étonné de la constitution pour provision Fonds des Communes.
En effet, entre les comptes 2010 et le budget 2017, cette recette passe de 31,18 millions à 39,84 millions, soit une hausse de 27 % à un moment où l’inflation est particulièrement basse.
C’est dommage que les autres recettes n’aient pas augmenté autant.
Et donc, sauf élément que j’ignorerais, je ne comprends pas cette provision. Je la comprends d’autant moins qu’hier, j’ai lu que le Gouvernement wallon allait accorder 2 millions supplémentaires pour valoriser davantage la capitale régionale.
2) Toujours sur les provisions, je constate que l’on en constitue une pour la Zone NAGE.
Sachant que l’on doit s’attendre à des recrutements importants et donc des charges supplémentaires dans les prochaines années, je comprends la mesure.
Ma question : j’ai lu qu’une dizaine de communes avaient introduit un recours contre le Ministre de l’Intérieur pour non respect d’engagements en la matière.
Pourquoi la Ville de Namur ne s’est pas associée à la démarche ?
3) Les dépenses de personnel.
Elles augmentent de 2,8 %.
Par contre celles des bourgmestre et échevins augmentent de 3,3 %.
Vous avez une explication ?
4) Les dépenses de personnel des cabinets (statutaires + contractuels) augmentent, elles, de 11,66 %.
S’agit-il d’augmentations salariales ou d’effectifs ?
5) Pareil pour ce qui concerne les dépenses de pécule de vacances des cabinets.
Elles passent de 17.000 à 28.000 euros.
Une augmentation de 60 %. Cela demande une explication.
6) Comme attendu, les recettes amendes administratives passent de 1 à 1,5 million.
En Commission, j’ai entendu qu’on avait recruté des agents pour cette tâche.
Avec le recul, peut-on me dire quelle est la balance de ce poste entre les recettes et les coûts de personnel, d’envoi voire de recours ?
7) J’observe une diminution de 20 % sur le poste carburant pour véhicule.
C’est l’effet des vélos électriques ? Je signale que la décision de limiter la production de pétrole risque de faire repartir les prix à la hausse.
8) Les recettes horodateurs parkings restent stables depuis 2 ans.
Par contre, les dépenses pour ce poste passent de 53.000 à 93.000 euros, une augmentation de 75 %.
Ce sont des dépenses d’entretien, de renouvellement ou d’extension ?
9) La redevance électricité voierie est de 1,019 million.
Je suppose qu’on peut ajouter ce montant aux 2,4 millions de dividende IDEFIN IDEG pour avoir le montant réel du dividende et qu’il s’agit d’une présentation davantage cosmétique.
10) J’aimerais comprendre le poste « propreté publique raccordement aux égouts « .
Il y a en dépenses, page 138, un montant de 7,711 millions et quelques autres postes pour un montant global de 8 millions.
En recettes, pages 13 et 15, les postes propreté publique, raccordement aux égouts y compris pour les commerces, la vente de sacs ménagers et les recettes propreté publique pour les commerces et professions libérales, si j’additionne ces postes-là, cela me donne une recette de plus de 8,8 millions.
Or, nous sommes dans le cadre d’une activité pour laquelle on applique le coût vérité ce qui, selon moi, impliquerait que ce soit neutre pour les finances communales.
Ma lecture n’est sans doute pas correcte. Peut-on m’éclairer ?
11) Sur le PrI, vous parlez pour la période 2010 – 2015 d’une croissance moyenne historique de 2,39 %.
J’ai fait les calculs et j’ai un résultat moindre – 2,25 % - mais, je le concède, la différence n’est pas très relevante.
Vous évoquez l’inflation et les prévisions du Bureau du Plan pour expliquer la hausse attendue pour 2017.
Par contre, vous snobez les prévisions de ce même Bureau du Plan en matière de dépenses de personnel.
12) Sur l’Ipp, le passage de 8 à 8,5 % a été appliqué dès l’exercice fiscal 2014 et le dernier avertissement extrait de rôle l’intégrait.
Il me paraît donc normal que vous comptiez dessus en 2017, d’autant plus normal qu’elle semble déjà embellir les comptes 2016.
Vous le chiffrez à 1,7 million, soit une hausse de 5 %, un montant qui, je le rappelle, est payé intégralement par les namurois.
Par l’absurde, cette opération montre que sans l’augmentation que vous avez décrétée, la recette Ipp stagne et traduit une forme d’appauvrissement de la population, appauvrissement observé également par l’augmentation de 10 % du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration.
Au – delà de ces questions- réflexions, de façon plus globale, je trouve que ce budget 2017 est un budget de transition.
C’est l’avant dernier de cette législature et c’est surtout le dernier dont nous connaîtrons les comptes en mai 2018, 6 mois avant les élections.
A titre personnel, je trouve d’ailleurs qu’il y a beaucoup plus d’enseignements à tirer des prévisions quinquennales que du budget 2017 lui-même.
Certes, on doit toujours être prudent avec des prévisions à moyen terme mais la Ville, elle, affiche dans cet exercice un optimisme démenti par les faits.
Les dernières prévisions quinquennales remontent à décembre 2014, pas à Mathusalem, non à 2 ans à peine.
Quelles recettes étaient retenues pour 2017 ? 179,4 millions.
Quelles recettes sont prévues pour cet exercice aujourd’hui ? 174,5 millions.
Une différence en moins de 5 millions.
Je devrais même dire une différence de 6,7 millions puisque les prévisions de décembre 2014 n’intégraient pas le 1,7 million lié au passage de 8 à 8,5 % de l’Ipp.
Certes, je reconnais que des efforts en dépenses ont été réalisés, notamment en fonctionnement, en transferts (CPAS surtout) et en dépenses de dette.
Sauf que pour celles-ci, certes, vous avez bénéficié de taux d’intérêt très bas mais pour combien de temps encore ?
Il ne vous aura pas échappé que les Etats Unis viennent de décider de relever leur taux directeur et que, si cette décision n’impacte pas les taux européens à court terme, par contre elle influera sur les taux d’emprunts à long terme.
J’ajoute que l’endettement de la Ville a grossi de 50 % en 5 ans et que si les répercussions sur la charge de remboursement annuel sont limitées, c’est surtout parce que plus de 80 % des emprunts ont été allongés à 30 ans.
En l’occurrence, ce sont les banques qui font la bonne affaire.
Or, la Ville a le devoir, notamment de maintenir son réseau routier et ses trottoirs en bon état.
L’échevin des travaux a établi une programmation de ses besoins à plus de 25 ans. C’est dire combien les besoins sont énormes.
Il faudrait presque un plan Marshal en la matière.
Or, le budget extraordinaire ne prévoit que 9,4 millions pour 2017 là où on avait budgété 11,8 millions pour 2016.
Ce n’est pas à ce rythme-là qu’on pourra rencontrer les demandes légitimes des namurois.
Et en personnel, on nous annonce que les réductions d’effectifs annoncées en début de législature pour les années 2016 – 2018 seront reportées à 2020, après les élections, pour un montant de 4 millions.
On a donc pu empêcher la réduction des effectifs de 80 à 100 unités avant les élections. C’est juste pour après. Preuve supplémentaire qu’on est dans la transition.
J’observe, enfin, que la ville a budgété à partir de 2018 une dépense de 600.000 euros pour le téléphérique, un investissement que l’on ne pourra qualifier de vertueux pour les finances de la Ville.
Conclusion
Le fait que l’optimisme déjà affiché en 2014 est démenti par les faits devrait conduire à une certaine prudence.
Ce n’est pas le cas avec les nouvelles prévisions quinquennales qui nous annoncent des recettes globales en hausse de 7,5 millions en 2 ans et même de 11,6 millions dans trois ans.
Pour moi, on n’est plus dans la prévision, on est dans la croyance et donc, oui, 2017 sera une année de transition, oui, les difficultés viendront après, juste après….
José Damilot
Lire également --> BUDGET 2016: LA DETTE DE LA VILLE DE NAMUR GRÈVERAIT-T-ELLE OUTRANCIÈREMENT NOS FINANCES?